Les soufis

Jeudi 14 Mai 2020-00:00:00
' Père Gérard Viaud

Près de la mosquée de Sayedna El-Hussein se dresse une tente pour les réunions des soufis. Ils sont assis sur des tapis, récitent des litanies et prononcent les noms de Dieu.

Tous ces mystiques sont immobiles, la tête penchée en avant et les mains croisées. Puis, tout d’un coup, ces hommes accroupis sortent de leur comportement figé et leurs corps se mettent en mouvement. La tête qui était inclinée en avant se jette vers l’arrière et ainsi de suite. Ensuite, c’est le corps qui se met à se mouvoir de gauche à droite alors que le nom de Dieu « Allah » sort des bouches jusque-là muettes.

Ces mouvements du corps et de la tête se poursuivent pendant un certain temps jusqu’au moment où un brusque tambourinage survient. Tous, d’un seul coup, se mettent debout et la véritable cérémonie du Zikr commence animée par les tambourins.

Se levant, ces soufis commencent à balancer leurs têtes de droite à gauche et le corps d’avant en arrière avant d’entrer en transes. C’est alors un déferlement de contorsions. Les participants se mettent à tourner autour d’ eux-mêmes comme des toupies. Les corps se balancent dans tous les sens et la rapidité des gesticulations augmente avec le bruit accéléré des tambourins qui rythment cette assemblée. Des invocations àde Dieu viennent couvrir le bruit des tambourins à certains moments. Des bras se lèvent vers le ciel, un geste de reconnaissance au Tout-Puissant.

Au fur et à mesure que le rythme des tambourins décroît, les participants ralentissent leurs mouvements.

Puis, tout se tait, les tambourins et les mystiques, et la cérémonie s’achève. Les participants, mystiques d’un temps, sortent de la tente, un à un, se dispersent anonymes au milieu de la foule sur la place Sayedna El-Hussein pour aller reprendre leurs habitudes ordinaires.

Ils sont les héritiers des anciennes confréries mystiques qui étaient nombreuses au Caire avec les derviches crieurs ou tourneurs.

En effet, il existe de nombreuses confréries soufis qui accomplissent le Zikr de manières différentes. Par exemple, la confrérie Amriyya n’emploie ni cymbales, ni tambourins, ni flûtes, se concentrant seulement sur la méditation pour s’unir à Dieu.

Le vrai Zikr, selon la règle de la confrérie Rifaïyya, est la répétition des paroles saintes avec révérence et respect et sans lever la voix afin de n’entendre que soi-même et rien de plus. Cela doit se faire sans désordre ni vacarme. Mais le Zikr ne se pratique pas seulement pendant le mois de Ramadan, car chaque confrérie l’organise tout au long de l’année à certains jours de la semaine.